Haiti: Aristide et la violence sur les femmes Haitiennes

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Lettre ouverte aux chefs d'État réunis au 5e Sommet extraordinaire des Amériques cybersolidaires.org/ameriques/haiti2.html#291003

Au moment où M. Jean-Bertrand Aristide se présente devant vous au Sommet des chefs d'État et de gouvernement des Amériques, il ne représente pas le peuple haïtien, mais un régime qui a perdu toute légitimité et crédibilité aux yeux de la grande majorité des populations d'Haïti. En effet, depuis le 11 décembre 2003, l'ensemble des forces vives du pays s'est accordé pour collectivement décréter le gouvernement Lavalas au pouvoir hors-la-loi. À son départ pour le Mexique, M. Jean-Bertrand Aristide a quitté un pays soumis à une grande violence politique d'État.

Depuis les élections législatives et présidentielles contestées de l'année 2000, le Parti Fanmi Lavalas/Famille Lavalasse de Jean-Bertrand Aristide occupe tous les espaces de pouvoir politique.

Cette mainmise absolue a plongé le pays dans une insupportable crise qui ne cesse de se prolonger et dans laquelle le gouvernement Lavalas est en guerre contre les populations haïtiennes.

Le 5 décembre 2003, la violence politique d'État a culminé avec les attaques sanglantes perpétrées, avec la complicité totale de la police, par les chimères/sbires du pouvoir contre l'Université d'État d'Haïti, attaques dont le bilan est extrêmement lourd: les locaux de deux facultés saccagés, un recteur dont les deux genoux ont été brisés à coups de barre de fer, un vice-recteur sauvagement battu, une trentaine d'étudiant-es blessés par balle et à l'arme blanche, des professeur-es sauvagement agressés.

Le mouvement de protestation réclamant le départ du gouvernement Lavalas a gagné l'ensemble pays, dans tous les milieux.

Les manifestations antigouvernementales sont très durement réprimées par le pouvoir; des protestataires sont kidnappés et arbitrairement/illégalement arrêtés; des menaces d'assassinat planent sur les principaux responsables des mouvements sociaux et politiques revendicateurs; des représailles sont exercées sur les organisations et les personnes qui prennent part aux manifestations.

À titre d'exemple, la situation qui prévaut actuellement dans la ville de Miragoâne (Nippes, sud-ouest): depuis le 29 décembre 2003, cette ville subit l'ordre de la terreur des chimères/mercenaires du pouvoir Lavalas: dispersion brutale des manifestations antigouvernementales, chasse donnée aux membres du mouvement de l'opposition (étudiant-es, membres des organisations citoyennes et des groupes/partis politiques) et attaque de leur domicile, attaques des locaux des organisations, tentatives réitérées de bâillonner la Radio Presqu'île Grande-Anse, etc.

Cette répression a culminé lors de la manifestation pacifique anti-Lavalas de ce dimanche 11 janvier, attaquée par des chimères/mercenaires contre-manifestant.

La police présente n'a pas su assurer la sécurité des citoyen-nes. Un chimère/mercenaire a été tué par balle au cours de l'échauffourée. En représailles, les chimères/mercenaires ont semé la terreur dans la ville, ciblant notamment des figures politiques.

Le domicile de l'ex sénateur de l'Organisation du Peuple en Lutte, Edgard Leblanc, a été incendié; un occupant a été arrosé d'essence et brûlé.

Le sénateur a dû gagner le maquis.

Jean-William Jeanty, dirigeant de Kore Nip (Coordination régionale des organisations de Nippes) et directeur de Radio Presqu'île Grande-Anse, est également dans le maquis.

Le local de Kore Nip a été incendié et la station de radio est sérieusement menacée. Ces exactions ont été publiquement revendiquées, le jour même, par Leclerc Alcide, un sbire du pouvoir.

Le 12 janvier, la répression s'est poursuivie contre une population sans défense (agresssions physiques, mise à sac et incendie de maisons, etc.).

Les citoyen-nes sont réduits à se terrer.

Dans cette guerre que livre le gouvernement Lavalas aux populations civiles haïtiennes, les femmes sont tout particulièrement victimes des exactions des forces répressives et de leurs sicaires.

Elles sont arrêtées, maltraitées et également extorquées de leurs avoirs.

Comme durant le coup d'État militaire de 1991-1994, les viols pour motif politique sont légion.

Parmi les multiples cas enregistrés, il y a lieu de citer: celui de trois membres d'une même famille (une mère et deux fillettes) à Petit-Goâve Ouest, dans la nuit du 11 au 12 décembre 2003, en représailles des manifestations antigouvernementales organisées par des jeunes, notamment des écoliers et écolières; le cas d'une jeune femme violée dans une maternité publique de Port-au-Prince (la capitale) par des chimères/mercenaires Lavalas, alors qu'elle était hospitalisée. Le cas d'une collaboratrice d'une organisation de femmes qui a été attaquée à son domicile et violée.

Le 1er janvier 2004, bicentenaire de l'indépendance haïtienne, a été célébré par les officiels du pouvoir sans la participation des secteurs vitaux de la société qui, au regard de la conjoncture nationale et du caractère hors la loi du gouvernement, ont opté pour des activités mettant à l'honneur la réflexion sur l'histoire nationale et attestant de leur refus de la dictature du régime Lavalas.

Face à ce sombre tableau, tous les secteurs de la vie nationale (mouvement paysan, estudiantin; organisations citoyennes et de femmes; groupes et partis politiques; secteur des affaires et socio-professionnel) sont unanimes à exiger la démission immédiate de Jean-Bertrand Aristide, la destitution du gouvernement Lavalas et le jugement du régime.

Ainsi, en différents points du territoire, des marches pacifiques réunissant des dizaines de milliers de personnes ont été organisées le 1er janvier.

Ces manifestations ont également été réprimées.

En usant systématiquement de violence, le gouvernement Lavalas parvient encore à s'accrocher au pouvoir.

Les membres d'un tel gouvernement ne peuvent, en aucun cas, représenter le peuple haïtien au 5e Sommet extraordinaire des chefs d'État et de gouvernement des Amériques.

Lorsqu'Aristide vous parle, il ne représente que lui-même, ses partisan-es et ses sbires et non les intérêts des populations d'Haïti. Les populations aspirent à faire triompher la démocratie, le respect des droits de la personne, de la liberté d'expression, de la liberté de la presse, des droits dont il est impossible de jouir avec la dictature d'Aristide.

Danièle Magloire: enfofanm#64;yahoo.fr - enfofanm#64;compa.net
Pour la CONAP (Coordination nationale de plaidoyer pour les droits des femmes)*
Port-au-Prince, le 12 janvier 2004

CONAP: plate-forme d'organisations de femmes constituée de: Enfofanm/Infofemmes, Fanm Deside Jakmèl/Femmes Décidées de Jacmel, Fanm Yo La/Les Femmes sont Là, Kay Fanm/La Maison des Femmes, SOFA/Solidarité des Femmes Haïtiennes.

Margareth Janvier, August 16 2010, 11:32 PM

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