Haïti en proie à des émeutesMercredi 9 avril 2008

< Previous | Home | Next >

Haïti en proie à des émeutes, le président Préval appelle au calme
Des habitants d'Haïti manifestent contre le coût de la vie le 8 avril 2008 à Port-au-Prince

Haïti a été secoué mercredi par de nouvelles émeutes provoquées par une brusque augmentation des prix des denrées de base, qui ont conduit le président René Préval à lancer un appel au calme.

Les Casques bleus de l'ONU, qui protègent depuis mardi le Palais national, siège de la présidence à Port-au-Prince, ont à nouveau tiré des gaz lacrymogène pour refouler des manifestants, selon des témoins.

Les manifestations mardi avaient fait une quinzaine de blessés. Depuis le début de la crise il y a une semaine, au moins cinq personnes ont été tuées et une quarantaine blessées.

"La vie chère frappe les pays riches commes les pays pauvres.

Nous payons les conséquences de mauvaises politiques appliquées depuis 20 ans en Haïti", a déclaré le chef de l'Etat, René Préval, 65 ans, au pouvoir depuis deux ans et qui a déjà exercé un premier mandat présidentiel entre 1996 et 2001.

"Les manifestations et les destructions ne vont pas faire baisser les prix ni résoudre les problèmes du pays. Au contraire, cela peut faire augmenter la misère et empêcher les investissements dans le pays", a-t-il mis en garde dans un message diffusé par la télévision nationale d'Haïti, alors que retentissaient de fortes détonations dans la capitale.

"J'ai ordonné à la police haïtienne et aux (quelque 7.000) soldats de l'ONU de mettre fin aux pillages", a-t-il ajouté.

Très tôt dans la matinée, des jeunes avaient pris possession de plusieurs rues de la capitale, jonchées de barricades faites de pneus et de grosses pierres, paralysant l'ensemble des activités.

De nombreux commerces ont été mis à sac par des manifestants dotés de gourdins et d'armes à feu, selon des témoins.

La station radio Vision 2000 a été la cible de jets de pierres, ont déclaré sur les ondes des présentateurs en appelant la police à l'aide.

Plusieurs parlementaires ont demandé un changement de gouvernement.

Il faut "des mesures économiques urgentes à moyen et long terme ainsi que des décisions politiques courageuses", a déclaré le président de l'Assemblée nationale, Kelly Bastien.

"Ces journées de violences ont ruiné deux ans de constructions", a déploré un diplomate s'exprimant sous anonymat.

Au lendemain du soutien apporté par le Conseil de sécurité au gouvernement haïtien, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a exhorté "tous les manifestants à renoncer à tout acte de violence".

Compréhensif "pour la souffrance du peuple haïtien", M. Ban "encourage les bailleurs de fonds internationaux à apporter de manière urgente leur assistance à Haïti".

Comme il y a une semaine, des manifestations se sont aussi produites en province.

Aux Gonaïves (ouest) et à Saint-Marc (nord), des centaines de manifestants sont descendus dans les rues, selon des radios haïtiennes.

Les prix des produits alimentaires ont flambé en une semaine en Haïti où un sac de 120 livres de riz est passé de 35 à 70 dollars tandis que le prix de l'essence connaissait une troisième hausse en moins de deux mois.

Le président haïtien a indiqué qu'il allait rencontrer des importateurs de produits alimentaires pour tenter de faire baisser les prix. "Il faut produire quatre fois plus et ne pas dépenser 270 millions de dollars annuellement dans l'achat du riz à l'étranger", a-t-il estimé.

"Nous appelons les fonctionnaires de l'administration qui gagnent un salaire mensuel de plus de 30.000 gourdes (environ 750 dollars) à donner 10% pour aider les plus pauvres", a-t-il ajouté.

Avec 8,5 millions d'habitants, Haïti est le pays le plus pauvre du continent américain, dont 80% de la population vit avec moins de 2 dollars par jour, soit en dessous de seuil de pauvreté.

Claudy, April 9 2008, 7:48 PM

Start a NEW topic or,
Jump to previous | Next Topic >

< Previous | Home | Next >