C'est une insulte faite au Président Préval

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Haïti toujours sans Premier ministre, nouveau revers pour le président René Préval. PORT-AU-PRINCE (AFP) -- Le Parlement haïtien a infligé jeudi un cinglant revers au président René Préval, en rejetant, lors d'un vote, son choix d'un nouveau Premier ministre dont Haïti est dépourvu depuis deux mois.

Depuis début avril et sur fond de crise alimentaire, René Préval a vu coup sur coup le gouvernement de Jacques-Edouard Alexis censuré, son choix d'un proche, Ericq Pierre, comme nouveau Premier ministre, rejeté par le Parlement, et jeudi un destin similaire appliqué à son deuxième choix, Robert Manuel.

Lors d'un débat à la Chambre des députés, une majorité de parlementaires, 57 sur 85 présents, ont déclaré ce dernier "inéligible" pour prendre la tête d'un nouveau gouvernement.

"La majorité des députés ayant voté pour la recommandation de la commission", prévoyant l'inégibilité de Robert Manuel, "la nomination du Premier ministre désigné est rejetée", a annoncé le président du Parlement haïtien, Eric Jean-Jacques.

Proche du président, Robert Manuel, 55 ans, est un ex-secrétaire d'Etat à la Sécurité publique du premier gouvernement Préval (1996-2001).

Il était jusqu'à présent conseiller particulier du président haïtien, dont il avait organisé la campagne présidentielle en 2006. Egalement architecte et écrivain-poète, c'est un ancien président de l'association des écrivains haïtiens.

Selon une commission chargée d'étudier le choix de René Préval, plusieurs des documents remis par Robert Manuel n'étaient pas conformes à la Constitution.

La commission a reproché notamment au Premier ministre désigné de ne pas avoir résidé en Haïti pendant les cinq dernières années, comme l'exige la Constitution.

"C'est une insulte faite au président qui, par deux fois, se fait désavouer par la Chambre", a réagi le député Robert Mondé qui a souhaité qu'un autre candidat soit rapidement présenté au Parlement.

De son côté, le sénateur Joseph Lambert, proche du président Préval, a jugé que la démocratie avait triomphé.

"Le président a fait son choix librement, les prlementaires ont décidé en toute liberté.

Les institutions fonctionnent normalement, sans dictée de quiconque", a fait valoir le parlementaire, dirigeant du parti présidentiel L'espoir.

Micha Gaillard, dirigeant du parti Fusion des sociodémocrates (opposition), est allé dans le même sens, estimant que les parlementaires s'étaient exprimés sans contrainte.

Il estime toutefois que, dans cette bataille politique, les partis ont oublié la réalité socio-économique de la population, la cherté de la vie et l'insécurité, qui pourraient à nouveau pousser les gens dans la rue.

"Il faut prendre acte de la discorde entre le président Préval et sa propre plateforme politique", note M. Gaillard, en appelant à une union politique de l'exécutif et du législatif pour résoudre la crise.

Depuis deux mois, Haïti est dirigé par un gouvernement sortant qui n'est autorisé qu'à exécuter les affaires courantes de l'Etat sans pouvoir s'engager sur des accords avec la communauté internationale.

Une réunion des bailleurs de fonds et pays donateurs d'Haïti prévue fin avril en vue de recueillir 4 milliards de dollars pour des projets de développement a été reportée sine die.

"Nous ne pouvons pas continuer dans cette voie. Il y a des gens qui veulent maintenir le pays dans la misère et le désordre", a dénoncé à la Chambre un député qui a voté en faveur de M. Manuel.

Nadiana Benjamin, June 13 2008, 5:48 PM

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