Message de Patricia Preval, Fille De Rene Preval, 5 Dec 2010
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Voici un texte sur Facebook de Patricia Preval, la fille de René Preval.
Nos problèmes virtuels...
(ou nos vraies raisons d'être)
by Patricia Preval on Sunday, December 5, 2010 at 1:12pm
Avec le mauvais temps qu'il fait dehors, il me faut une bonne raison pour me décider à y pointer le bout du nez...
Eh oui, dehors dans le Cyber-Espace, il pleut les rumeurs, il tonne la diffamation, on se heurte à la grêle des mots violents, on se prend des claques de vents inattendus lorsque les amis et des cousins désabusés s'y mettent, on gèle de déception...
Je sors très peu dans le monde virtuel.
La télé, la radio et autres médias...
des maux nécessaires pourtant pour ne pas être complètement coupé de la réalité virtuelle.
Dans la petite famille, on sait que lorsqu'on sort, on doit s'attendre à prendre la forme de n'importe quel vase dans lequel ils auront choisi de nous mettre...
Mais à la fin de la journée, la radio se tait...
ouf....
On vérifie qu'on a bien conservé sa forme initiale
Ca fait du bien de se retrouver...
Tout ça sans compter ces êtres virtuels que l'on rencontre au passage...
aux sourires plus larges que les autres...
les 'amis' et les 'amants' auxquels on veut bien croire...
et qui disparaissent 'plouf' en laissant tomber leurs dents de requin lorsque ça ne colle plus.
Et finalement quel sens donner à cette réalité qui déconstruit?
Pourquoi se lever chaque matin et avoir à la confronter?
Elle est bien 'virtuelle' cette réalité non?...
Mais je dois me pincer pour me rappeler que:
Mon père n'est pas alcoolique, ni un kidnappeur, ni un assassin, ni un voleur, ni un dictateur, qu'il ne veut pas rester éternellement au pouvoir, que je ne suis pas la fiancée de Jude Célestin et que je ne porte pas son enfant, que je ne suis pas partie en Asie pour cacher ma 'grossesse', que ma 'fille' est plutôt ma filleule, que je n'ai pas l'intention de devenir 'la Première Dame', que la femme de mon père n'est pas actionnaire à la SAMCO, qu'elle n'a pas demandé de déverser le microbe du choléra dans le fleuve pour affaiblir les haïtiens et prendre le contrôle des élections.
La liste est longue.
Et ma question reste entière: pourquoi avoir peur de confronter des problèmes virtuels?
Au point de rester cloîtrer chez soi. Pourquoi ne pas tout simplement s'occuper plutôt de ses 'vraies raisons d'être'.
J'aurais bien pu faire comme mon père par exemple: juste 'faire ce que j'ai à faire' qu'il pleuve qu'il tonne dans le monde virtuel...
auquel chacun pourtant s'accroche tant....
Tout le monde oublie qu'on semblait décoller fin 2009 juste avant le séisme...
Les fameux investisseurs, signe d'une économie qui commence à respirer, revenaient nombreux en visite de prospection...
(Comme le promettent aujourd'hui tous les candidats à la présidence).
Vrai ou faux?
Mais on préfère s'imaginer qu'un jeune chanteur qui s'imagine qu'il peut sauver le pays est la solution parce qu'on s'y identifie
ouch.
vraiment?).
Ou qu'une grand-mère ('constitutionnaliste' mais qui du jour au lendemain demande ouvertement de ne pas faire appliquer la loi) est une figure rassurante...
(ouhlalalala...
vraiment?).
On imagine pouvoir faire la révolution parce qu'on est jeunes, on imagine avoir tout compris à ce 'système pourri et corrompu'.
On imagine que Préval est un voleur, un dictateur qui veut rester au pouvoir...
car au bout de 10 ans au pouvoir, c'est évident qu'il a accumulé une telle richesse qu'on le voit bien dans le train de vie qu'il mène...
toutes ces maisons...!! heeuu...
non, il n'a pas de maison.
Mais enfin, c'est quand même évident que c'est au moins un dictateur...
d'ailleurs toute la presse le dit...
Ah le paradoxe...
! Jamais on aura vu une presse aussi 'expressive'.
Ce qui fait peur avec les problèmes virtuels...
c'est que c'est nous qui les créons. On répète sans vérifier et sans comprendre, on invente, on généralise...
On se conforte d'avoir des problèmes à partager et qu'une seule cause à blâmer pour ses malheurs...
sous-développement, tremblement de terre, choléra. Quand on souffre ensemble, autant le chanter haut et fort pour se rappeler qu'on n'est pas seul. Autant nous lamenter ensemble en trouvant un même refrain pour nos angoisses, nos espoirs, même nos faux espoirs, nos frustrations.
Pas d'bol. En Haïti, le refrain dit que mon père est un démon.
La bonne nouvelle est qu'on arrive à s'aménager une 'jouissance' dans la souffrance en chantant ensemble...
Le refrain détonne certes mais c'est bon signe: on veut s'unir, on veut chanter ensemble, on a la force pour chanter...
C'est super
Mais pour chanter vraiment en chÅ"ur, j'ai une meilleure nouvelle...
On ne s'est pas encore rendu compte de ce qu'il y a de plus 'jouissif' dans nos problèmes: c'est que ce sont 'nos' problèmes, notre bien privé le plus intime...
A nous de les résoudre à notre rythme.
Au lieu de se précipiter à répéter sans vérifier et sans comprendre...
prenons le temps de découvrir la réalité si silencieuse.
Elle est accessible et plus claire à travers le bon sens...
à travers nos recherches...
en se plaçant au dessus de la mêlée...
En prenant le temps qu'il faut pour trouver la note juste, on serait étonnés de voir que malgré tout, on n'est toujours pas seuls...
qu'au lieu de détonner ensemble comme le tonnerre, on peut projeter un peu de lumière et créer un rêve plus reluisant...
et que surtout, il n'y a pas de vraie raison d'être, si nous-mêmes, ne sommes pas vrais avec nous-mêmes.
Avec le mauvais temps qu'il fait, on dira que je suis bien folle à essayer de me faire entendre...
:) et pourtant c'est ma voix...
bien à moi.
Haitileaks, December 10 2010, 10:22 AM
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