La corruption en Hati a un visage, President Rene Preval

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La corruption en Haïti a un visage, Président René Préval

(04/04/10)

Figure 1: Paul Gustave Magloire

On savait déjà que Président Préval était incapable d'un discours qui pourrait inspirer le pays. En effet, dans les circonstances les plus appropriées pour le faire, il s'en est abstenu.

Tel est le cas que nous venons de vivre quand la nation haïtienne pleurait des centaines de milliers de ses enfants qui étaient décédés à la suite du séisme dévastateur du 12 janvier 2010. Monsieur le Président était resté bouche cousue et sa première déclaration c'était pour se plaindre d'avoir perdu « son Palais ».

Donc, nous n'avons pas été à New York pour écouter les impairs habituels du Président (enfin, pour dire le moindre), mais pour voir dans quelle mesure la communauté internationale était prête à accompagner le peuple haïtien après que nous venons de vivre la plus grande tragédie de notre histoire de peuple libre.

A ce niveau ce fut un succès. Non seulement pour le peuple haïtien, mais pour tous ceux qui croient qu'un changement est possible et que ce cataclysme qui a fait tant de tort au pays, peut encore servir pour créer un pays moderne et prospère où il fera bon vivre.

La Banque interaméricaine de développement, la BID, aurait estimé la reconstruction du pays à 14 milliards de dollars.

Mais, le Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki-moon, probablement connaissant déjà le montant qui serait alloué à la séance de support, avait fait plutôt une demande de 11.5 milliards de dollars en aide et une cinquantaine de pays et d'organisations internationales ont promis de donner à peu prés 10 milliards de dollars en réponse au séisme qui a ravagé notre pays, laissant sur son passage 270,000 morts, des centaines de milliers de blessés, d'estropiés et d'orphelins.

En effet, la communauté internationale, à travers ses principaux représentants et les principales institutions financières internationales, a manifesté l'intention de fournir l'aide nécessaire à la reconstruction de notre pays qui pourrait se chiffrer à 10 milliards de dollars.

Mais, le doute persiste dû à la possibilité que cette aide se transforme en une rivière d'or où Monsieur Préval et ses acolytes iraient puiser pour se remplir les poches allègrement.

Ainsi, le Secrétaire Général des Nations Unies, Ban Ki-moon, dans sa déclaration de clôture, a demandé à Monsieur Préval, « de faire preuve de transparence et de responsabilité » dans la gestion des fonds généreusement offerts par la communauté internationale.

En est-il vraiment capable?

Est-ce que le sens patriotique l'emportera, finalement, sur la tradition de corruption de son gouvernement et de ses acolytes?

C'est dans ce contexte qu'il faut comprendre aussi la déclaration du premier sénateur démocrate de l'Etat de Vermont, Patrick Leahy, qui parlant d'Haïti dit clairement que: « Dans le passé, des milliards de dollars ont été gaspillés ou volés par des gouvernements corrompus, contrôlés par quelques rares familles haïtiennes aisées. Maintenant, que les besoins du pays sont encore plus criants qu'auparavant, nous avons absolument besoin d'un projet crédible qui tire les leçons du passé pour ne pas répéter éternellement les mêmes erreurs ».

Compte tenu de la situation de corruption qui gangrène le pays, Président Préval avait accepté, lors de sa dernière visite à Washington, le mois dernier, que les fonds donnés à Haïti passeront par une commission de contrôle internationale qui sera co-présidée par le Premier Ministre haïtien, en exercice, et par l'envoyé spécial du Secrétaire General des Nations Unies, qui est l'ancien président américain, Bill Clinton.

La Commission Intérimaire pour la Reconstruction d'Haïti (CIRH) est majoritairement formée des bailleurs de fonds.

Malgré cet arrangement, le doute persiste encore sur la question du détournement des fonds alloués au pays, car nul n'ignore que ce gouvernement est passé maître dans l'art de rouler la communauté internationale dans la farine.

Donc, pas besoin de dire que les fonds seront difficiles à décaisser, car les représentants des bailleurs de fonds qui seront majoritaires dans cette commission, prendront le temps qu'il faut pour être sûrs que l'argent qu'ils décaissent n'aille pas directement dans les poches de ceux qui sont déjà en train de se lécher les babines devant l'aubaine.

Ils ont l'expérience de leur coté et, dit-on, le support tacite du Président de la République.

De son coté, Monsieur René Préval n'a jamais hésité à montrer qu'il est le corrupteur en chef et qu'il a même présidé les tentatives de corruption les plus vulgaires du pays. C'est l'un de ces cas qui a causé la mort de Henry Robert Marcello, l'un des fins fleurons de la lutte contre la corruption dans le pays. Le régime de Monsieur Préval avait tracé un exemple avec son cas afin de faire peur à quiconque voulait s'opposer à la corruption dans le pays. Mais, malgré que nous déplorions infiniment la perte de Monsieur Marcello, le système de Monsieur Préval ne va pas toujours gagner et il y aura toujours des Haïtiens dignes et courageux qui s'y opposeront, même au prix du sacrifice ultime.

Cher Monsieur Marcello, nous vous saluons là où vous êtes avec respect et admiration.

De ceux qui ont résisté au régime de corruption instauré par Monsieur Préval, nous pouvons citer aussi le cas des jeunes étudiants, le futur de notre pays. Plusieurs ont préféré choisir l'exil au lieu de se plier aux exigences de l'équipe de la présidence qui voulait à tous prix les soumettre au régime de corruption.

En effet, ce sont ces jeunes qui ont transformé l'exil impie en un acte d'héroïsme.

Il y a aussi le cas des syndicats du secteur des transports.

Cela peut étonner plus d'un, pourtant ce secteur aussi n'a pas succombé sous la pression des forces obscures du palais.

Président Préval a certainement foiré, par exemple, un excellent projet de modernisation du transport public, en achetant des bus à vil prix qui ne sont pas appropriés aux routes haïtiennes, juste pour faire des commissions.

Quand il pensait que les syndicalistes étaient prêts à lancer, en guise de protestation, un appel à la grève, il n'a pas hésité à leur offrir une subvention substantielle de 39 millions de gourdes pour la rentrée des classes.

Mais, l'immoralité dans tout cela est le suivant.

Une centaine d'enfants avaient péri dans l'effondrement d'une école à Nérette et il y avait des dizaines de blessés. Le gouvernement de Monsieur Préval avait promis de donner un soutien d'un million de dollars aux parents des victimes pour les aider à se remettre de leurs déboires.

Mais, le Ministre de l'éducation nationale avait reçu l'ordre de donner la subvention aux syndicalistes afin de protéger le gouvernement de la grève des chauffeurs, et malgré les multiples demandes des parents de Nerette, ils furent négligés.

Enfin, dans une tentative de soumettre les leaders les plus intransigeants du secteur syndical, Monsieur Préval n'a pas hésité a utilisé la ruse et l'emprise qu'il a sur la justice pour chercher à les faire incarcérer. Ayant échoué dans cette tentative, il est revenu à l'utilisation de l'argent comme la principale arme de soumission.

Et maintenant, cette arme est habilement maniée par Monsieur Préval et ses acolytes qui sont en train de se dire que toute résistance sera futile quand ils auront en main les fonds que la communauté internationale a choisi d'allouer à la reconstruction du pays.

On pourrait continuer avec la liste des méfaits de Monsieur Préval, mais après cela on devrait interdire la lecture de ce texte aux enfants de moins de 18 ans. Car, on aurait pu faire parler un des bandits qui a été à la solde de Monsieur Préval avant qu'il soit arrêté par la police française, pour décrire les conditions affreuses dans lesquelles Monsieur Marcello fut assassiné.

Comme nous le savons, la République n'est jamais descendue aussi bas que durant l'époque que nous vivons.

Car, Toutes les séances de corruption ont été tenues au palais, parfois sous la présidence directe de Monsieur Préval ou de l'un de ses proches collaborateurs.

Et des actes répugnants ont été édictés dans les officines présidentielles.

Par exemple, Monsieur Préval, au lieu de présider à des élections libres, honnêtes et inclusives a profité de la faiblesse des partis politiques pour les humilier en présence de la nation par des élections frauduleuses.

Depuis quelque temps, ce sont les journalistes qui sont ciblés. Les travailleurs de la presse qui cherchent à résister aux tentatives de corruption du régime, savent qu'ils doivent s'autocensurer, ou ils risquent de perdre leur travail ou le pire pourrait arriver.

Car, le régime est subtil et a la main lourde et forte.

C'est dans ce cadre que nous avançons vers un génocide contre le peuple haïtien et ce fait est maintenu dans un silence complice par la presse.

En effet, tout de suite après le tremblement de terre, nous avons proposé publiquement au gouvernement de Monsieur Préval de lancer un programme de déconcentration de la capitale.

Car, comme cela est accepté aujourd'hui par plusieurs membres importants de la communauté internationale, c'était la meilleure façon de protéger les centaines de milliers de sans-abri.

Monsieur Préval et ses acolytes ont pensé de préférence que la présence de ces masses de gens dans la capitale représentait pour eux une aubaine.

Il voulait utiliser les rescapés du désastre pour faire pression sur la communauté internationale en vue d'obtenir de l'aide.

Ainsi, ils pourraient faire de l'argent en approvisionnant ceux qui vivaient dans les camps à Port-au-Prince avec l'argent fourni par l'aide.

Des journalistes sont tombés dans le piège de croire que Monsieur Préval était animé par un amour de la patrie en demandant qu'on cesse avec la période de l'urgence et de permettre aux agences d'aide d'acheter les produits locaux.

C'était faux. Monsieur Préval, depuis son accession au pouvoir pour son deuxième mandat, n'a été intéressé qu'à une seule chose, enrichir ses acolytes.

Ainsi, c'est au profit de ses acolytes et de ses amis qui sont les principaux fournisseurs des camps de tentes aujourd'hui que Monsieur Préval avait pris cette décision.

Car, s'il voulait supporter la production locale, la meilleure façon de le faire était de faciliter le déplacement des milliers de sans-abri vers les provinces et les approvisionner directement sur les marchés locaux.

Cette décision aurait donné non seulement une dynamique à l'économie des provinces, mais serait la plus grande mesure jamais prise en faveur de la décentralisation du pays. Mais, malheureusement Monsieur Préval s'est toujours opposé au programme de déconcentration et de décentralisation du pays.

Aujourd'hui, Monsieur Préval et ses acolytes sont en train d'écrire la dernière page de la tragédie, dont le peuple haïtien sera l'acteur involontaire.

Leur plan consiste à créer des camps de tentes au pied de Morne à Cabris et de Ti-Tanyen où ils visent de concentrer des centaines de milliers de déplacés qui sont dans les abris provisoires de la capitale.

Parmi ces gens, il y a des enfants, des femmes enceintes et des dizaines de milliers de personnes malades.

Ce sont des zones qui sont infestées de bestioles, de scorpions et de moustiques.

Et compte tenu de la chaleur ambiante et de la saison pluvieuse, c'est un milieu très favorable à la croissance des bactéries.

Donc, il y a une forte probabilité que des épidémies se déclarent et se propagent rapidement dans ces camps.

Ensuite, si la population qu'on va loger dans ces camps n'est pas exterminée par la maladie, elle sera à la merci de la furie des vents et des pluies qu'apportera la saison cyclonique.

Ainsi, le gouvernement de Monsieur Préval qui aura présidé à la construction de ces camps sera responsable d'un acte de GÉNOCIDE.

A chaque fois que vous rencontrez un membre du gouvernement de Monsieur Préval, il vous laisse l'impression de quelqu'un qui se moque de ce qui s'est passé le 12 janvier dernier et même est un peu railleur par rapport à la situation.

C'est ce genre d'attitude qui explique ce type de déclaration de l'entourage du Président: LTD. Un sigle qui se traduit en anglais par « Let them die » et en français par « Laissez les mourir ».

De son coté, la population leur retourne bien le verre, en surnommant le Président des mots les plus grossiers.

Donc, ce n'est pas étrange, quand nous sommes arrivé à NY d'entendre quelques jeunes Haïtiens qui travaillent à l'aéroport nous demander pourquoi le pays est encore sous la honte de vivre avec un tel président, suivi d'un grossier péjoratif.

Ainsi, il apparait qu'il ne prendra pas trop de temps pour que le Président, s'il ne démissionne pas, soit démissionné par la population...

Ce serait dommage qu'on arrive à un tel extrême quand il semble que la première mission de la MINUSTHA serait de protéger le gouvernement le plus corrompu de l'histoire du pays et qu'elle pourrait, en fait, utiliser ses armes contre la population pour maintenir Monsieur Préval au pouvoir.

Nous savons que l'argent de l'aide ne rentrera pas dans le pays très vite. Et il est clair que Monsieur Préval et son équipe attend avec impatience que la saison du vol commence afin que nous ayons les premiers milliardaires haïtiens.

Donc, la présence de Monsieur Préval comme Président est un obstacle à la reconstruction du pays. Et aujourd'hui, la communauté internationale doit se demander, si elle n'est pas en train d'accompagner un chef d'État haïtien dans un acte de génocide contre son propre peuple.

Nous savons qu'elle doit aussi être en train de se demander, est-ce qu'il n'est pas préférable d'avoir en place, même un gouvernement inefficace et corrompu au lieu d'un changement de régime qui pourrait déboucher sur un pays instable?

Mais, c'est là une grosse erreur de jugement qui a toujours profité jusqu'à présent à Monsieur Préval et à ses acolytes.

Car, nous savons que Monsieur Préval n'est pas honnête et que ses acolytes n'auront pas peur d'utiliser tous les moyens pour se maintenir à la tête de l'Etat, et la corruption et les assassinats font partie de l'arsenal de prédilection de ces messieurs et dames.

Mais, nous sommes arrivés à un moment où le peuple en a ras-le-bol et n'a pas peur des conséquences.

Bientôt, la communauté internationale verra ce que cela veut dire, si Monsieur Préval cherche à rester au pouvoir indéfiniment.

Car, dans notre pays, l'histoire a une tendance, plus ou moins, à se répéter. Enfin, même blessé, le peuple Haïtien qui a assez souffert prouvera encore une fois qu'il fera respecter son droit de choisir son gouvernement.

Le meilleur pour tout le monde serait que Monsieur Préval choisisse de démissionner.

A bon entendeur salut

Paul Gustave Magloire

Ancien Ministre de l'Intérieur et des Collectivités

Président de MORN

Morn, April 6 2010, 10:58 AM

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