O vas-tu Haiti? Quo vadis Haiti? 2010

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Quo vadis Haiti?

Par Jean Erich René.

La primauté du politique est sérieusement mise en cause en Haiti, suite au double constat de la défaillance des structures étatiques et de l'insignifiance de l'Administration Publique.

Les Grands Commis de l'Etat, depuis le mardi 12 janvier 2010, sont liés comme des crabes et n'arrivent à prendre aucune décision ni prononcer un discours circonstancié pour manifester au moins leur existence.

La première explication à leur hébétude c'est le sous-développement culturel qui accable la plupart de nos soi-disant Hommes Politiques.

Ils ne sont initiés aux arcades d'aucune science et ignorent leurs prolongements pratiques dans le processus de décisions.C'est au pied du mur qu'on connaît le bon maçon. L'Etat haitien évolue dans une cohabitation vraiment difficile de deux hiérachies parallèles:

- les détenteurs du pouvoir politique

- les nantis du savoir

Ce dualisme exclut nos leaders éclairés du théâtre politique.

Souvent ils sont arrêtés, bastonnés, jetés en prison et/ou exilés.Cette structure bancale rend difficile sinon impossible l'incarnation par les Partis Politiques de la Démocratie en jouant un rôle actif d'inspiration des initiatives profitables à la nation et du contrôle de l'Appareil de l'Etat.

Presque tous les Chefs d'Etat d'Haiti de 1804 à nos jours dirigent en autocrate: l'état c'est moi. Ils manifestent la volonté de garder définitivement le pouvoir soit en se succédant eux-mêmes soit en le transmettant à leur fils ou à un fidèle ami.
En dépit des garde-fous posés par la Constituante de 1987 afin d'éradiquer cette tendance dictatoriale, le démon de la pérennité au pouvoir montre encore ses griffes.

La permanence du même régime politique pendant plus d'une décade finit par mettre certains éléments de valeur à la disposition des organes de l'Etat.

Les autres se voient obligés de garder un profil bas en vivant d'expédients ou mieux encore s'expatrier s'ils veulent avoir la vie sauve.

Les Chefs de nos Partis Politiques s'ils ne sont pas des traitres et des vendus sont le plus souvent abandonnés par les membres les plus compétents du Parti vidé ainsi de sa substantifique moëlle.
En matière d'illustration, une plongée dans le cambouis politique haitien de l'Indépendance à nos jours révèle clairement la nature patrimoniale du pouvoir de nos Chefs d'Etat.

Les plus progressistes se comportent en sultan.

Jean Jacques Dessalines s'est fait consacrer Empereur et se convertit en Maitre incontestable de la Jeune Nation.

D'où la défection précoce de ses généraux aboutissant au drame du Pont Rouge, 2 ans après la célébration de l'Indépendance.

Christophe, le monarque du Nord, affiche aussi la même tendance autocratique.

Il a dû se loger une balle en or à la tête devant l'ironie de ses pages.

Pétion et le Haut Etat Major de son armée se sont emparés des grands domaines des colons comme Affranchis, ne laissant rien aux autres.

Ce comportement qui rappelle les Anciens Maitres est toujours en cours au sein de la société haitienne.

Jusqu'à présent en Haiti, les noms de famille servent encore de paravent à leurs progénitures.

René Préval qui a terminé ses études en 3e secondaire, par excès, chez Georges Marc à l'Avenue N, se pare du titre d'Agronome parce que son père le fut. Une aspirante au portefeuille du Ministère du Commerce pour redorer son blason, sur sa carte de visite n'a pas hésité à se référer à son arrière Grand Père qui fut Président, son tonton et sa tata sans décliner personnellement ses titres et qualités. Voilà comment n'importe quel blanc bec devient Président, Ministre, Directeur Général, même lorsque la compétence n'est pas au rendez-vous.

En Haïti, la méritocratie n'est pas pas de mise. Les liens de sang sont plus importants que le cursus universitaire qui le plus souvent fait défaut, et l'expérience professionnelle de l'individu.

Ce clivage social, très pervers pour l'avancement de la nation, aussi ridicule qu'il puisse paraître est attribuable à l'héritage colonial.

La militance surplombe la compétence.

Le népotisme engonce l'Appareil Administratif haitien.

Le pays n'est jamais gouverné mais dirigé dans le sens des intérêts personnels d'une oligarchie qui s'octroie la part du lion. Le complexe du Blanc hante encore les esprits.

Par une alliance hétéroclite soit avec la France, soit avec les USA, les Responsables étatiques, méprisent les cadres nationaux compétents, enflent de manière anarchique leurs prérogatives, plument la poule, sans se soucier des retombées négatives sur l'économie nationale et le corps social.

Ils foulent au pied la dignité nationale.

On ne se donne même pas la peine d'analyser la comptabilité de l'aide qui doit transiter par la Croix Rouge américaine.

Une infime partie sera mise au service d'Haiti.

Le plus gros morceau sera consacré aux frais de location des avions, des bateaux et à l'achat de leurs frêts, les salaires des soldats et de l'équipe médicale etc. L'image de l'Envoyé spécial de l'ONU et Coordonateur de la Reconstruction d'Haïti posant ses deux mains sur les épaules de Préval comme son fils bien aimé, diffusée à travers les medias, est très significative.

C'est une preuve de nainisme mental de croire que Bill Clinton va promouvoir le Développement Economique d'Haiti, déjà promis en 1994 au retour d'Aristide.

L'Histoire va-t-elle mentir?

Depuis la colonie, elle nous enseigne que les Commissaires Civils sont toujours envoyés en Haiti pour défendre les intérêts de la Métropole mais non pour libérer les nègres et les soulager de leur misère.Quo vadis Haiti;où vas-tu Haiti?

Max, February 8 2010, 6:01 PM

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Antonioj, 9-Feb-10 12:12 am

 

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