Haiti: Manicure-Pedicure coiffeur sur trottoirs

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Haïti: Les soins esthétiques gagnent les rues

Ref.: Le Nouvelliste

Après la cuisson des aliments, les garages, les marchés et autres activités qui se font dans la rue, viennent la manucure, le pédicure, la coiffure, etc. L'esthétique ne se fait plus seulement dans les salons de beauté, elle a donc gagné les rues

Il est 10h 30 a.m. quand une dame dans la quarantaine, élégante comme une fille de 20 ans, un sac à la main, se balade sur la place Sainte-Anne comme un mannequin qui s'apprête à défiler.

Quelques secondes s'écoulent, elle s'assoit sous une tente, exposant ses jambes à l'attraction des passants, et deux « esthéticiennes » s'accroupissent à ses pieds, scrutant ses doigts et ses orteils.

Un récipient, deux chaises, un tabouret, des ciseaux, des pinces, un morceau de chiffon, une petite boîte contenant un liquide moussant, c'est en quelque sorte l'attirail de ces esthéticiennes ambulantes.

Alors que cette « machine à beauté ambulante » commence à transformer la dame, son portable à l'oreille, elle se maquille à son aise au beau milieu de la rue, comme si elle était dans sa chambre.

« Ce que je ne comprends pas de nos jours, c'est la ''démocratisation'' des soins du corps, très en vogue à Port-au-Prince.

Tout se fait partout, sans gêne, au vu et au su de tous», lâche un passant perspicace sous les regards de quelques lycéens observant l'activité.

En un clin d'oeil, dans les marchés, chez des particuliers et même à bord des véhicules garés, des jeunes filles et même des femmes de l'autre âge s'offrent des services de manucure, de pédicure, de perruque, de faux cils, de tatouage, de piercing et autres artifices très prisés par les femmes et très à la mode ici à Port-au-Prince.

Est-ce à dire que la situation économique a brisé les chaînes des valeurs sociales?

En fait, la place Sainte-Anne, où se déroulent ce genre d'activités, n'est que l'arbre qui cache la forêt. Sur tout le boulevard Jean-Jacques Dessalines et dans plusieurs coins de rue de la capitale, fleurissent ces « laboratoires esthétiques ambulants » qui offrent un servie à des prix défiant toute concurrence.

« Les temps ont changé, avance une personnalité préoccupée par ces nouvelles pratiques dans la société.

Aujourd'hui, les filles sont beaucoup plus nombreuses que les garçons, estime-t-elle.

Cela veut dire que la fille doit utiliser tous les artifices possibles pour intéresser les hommes.

Il arrive que certaines d'entre elles passent tout leur temps dans les salons de beauté pour s'embellir.

Et elles ne s'en cachent pas. Mais doivent-elles nécessairement le faire dans les rues?

», se demande-t-elle.

Depuis quelques années, tous les trottoirs du parage du marché Hyppolite sont occupés par des esthéticiennes qui s'adonnent particulièrement à la coiffure.

Au quotidien, des adolescentes, des jeunes et des adultes font la queue pour se faire coiffer à l'africaine.

Et, à écouter les discours de certaines clientes, leur objectif serait de « séduire et d'attirer pour conquérir des coeurs», comme il est très courant dans certains pays de l'Afrique.

« Nous voulons nous faire belles et nous n'avons pas assez d'argent pour nous offrir les services des salon de beauté, indique une dame en petite tenue, assise sur une petite chaise, patiente, situation oblige, sous une tente au boulevard Jean-Jacques Dessalines.

Et elle ajoute: dans les salons de beauté, nous payerions deux fois plus».

Par ailleurs, selon les témoignages des « esthéticiennes de rue», la majorité d'entre elles n'ont aucune formation dans ce métier qu'elles pratiquent.

Elles ont été pour la plupart formées sur le tas. Avec la routine, elles ont acquis une certaine expérience leur permettant de gagner leur pain quotidien.

« Je travaille ici depuis deux ans et j'ai beaucoup de clients, indique Marjorie Chéry, spécialiste en tresses africaines.

Parfois, je peux gagner plus de 2 000 gourdes par jour. C'est mon seul métier, et il me rapporte beaucoup », confie-t-elle.

The Dark Knight, April 27 2009, 2:37 PM

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