Interview: Senateur Rudolph Boulos

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RB: Nous avons avec nous sur les ondes de Radio Classique Inter le sénateur Rudolph Boulos parlant de la conjoncture.

Sénateur Rudolph Boulos nous vous souhaitons la bienvenue.

RB: Que se passe-t-il?

RHB: Le président ayant demandé aux mères de famille de se ceindre les reins pour ce qu'il prévoir pour la nouvelle année, et ayant annoncé des élections pour le 19 avril prochain, il nous faut jeter un regard rétrospectif sur l'histoire des élections organisées par Préval, pour comprendre ce qui va se passer.

On a eu le 6 avril 1997 des élections qui n'ont pas eu de deuxième tour et qui de plus ont été annulées. Quand on se rappelle la confiscation des élections du 21 mai 2000, que les sénateurs issus de ces élections ont eu cette appellation injurieuse « sénateur contesté ».

Comme conséquence, on est entré dans une période de 3 ans d'instabilité qui s'est soldée comme nous le savons le 29 février 2004. Mais qui en est l'auteur?

René Garcia Préval ! En quoi le peuple a-t-il bénéficié de telles machinations?

Contribuent-elles à la construction et à l'avancement de la Démocratie?

Il ne faut pas que l'on soit surpris, puisque nous retrouvons une fois de plus, en face du même auteur, qui a déjà fait savoir à son CEP qu'il veut d'une élection « JPP », le 19 avril 2009. L'arrêté présidentiel non seulement foule au pied le vote de la population du Nord-est ; Mais encore pire, quand il va dépenser 13 à 14 millions de dollars US pour élire 12 sénateurs, ce qui revient à plus d'un million de dollars par tête de sénateur, quand on se trouve en face d'un peuple menacé de famine, tenaillé par la misère et la pauvreté.

Alors qu'il y a d'autres élections Prévues par la Constitution pour le 29 novembre 2009, replaçant un autre tiers du sénat, la totalité de la 48e législature et la totalité des autorités locales.

Comment un pays, avec un budget qui est déjà déficitaire, peut-il assumer cette dépense extrabudgétaire?

Le coût des deux élections s'élèvera à plus de 30 millions de dollars US. Et il y a aussi la possibilité que les élections de novembre ne se feront pas. Ce qui est encore plus grave.

On a entendu la déclaration du sénateur Hérivau qui se plaint du fait que c'est Préval qui a décidé qui sera le président du Sénat. On est, comme la rumeur publique l'indique, face à un chef d'état « tubless ».

Mais encore pire, le président lui-même se dit être un spécialiste de la déstabilisation.

Le vrai danger dans tout ça c'est le risque que Préval remplace la Constitution.

Ce n'est pas seulement un risque, mais il y a une volonté d'adopter une nouvelle Constitution pour remplacer celle de 1987. Celle de 1987 est absolument contre le pouvoir à vie. Que ce soit clair, qu'il ne s'agit pas d'amendement, mais de remplacement pur et simple de la constitution de 1987. La présidence à vie mène inéluctablement à la dictature.

Nous en avons fait la pénible expérience.

RB: Comment comprendre que le milieu international, qui sait ce qui se fait et ce qui se passe en Amérique latine.

Qui voit Hugo Chavez, Evo Morales et maintenant Daniel Ortega agir et connaît pertinemment leurs intentions.

Comment cette communauté internationale peut-elle accepter à financer les élections du 19 avril 2009, alors qu'il n'y a aucune logique qui empêche la consolidation des élections du 19 avril avec celles du 29 novembre 2009 prévues par la Constitution?

RHB: Je ne dirais pas que l'international marche dans cette logique.

Il y a peut être un ou deux ambassadeurs qui sont à la fin de leurs mandats qui veulent avoir au moins quelque chose à ajouter à leurs dossiers pour qu'il ne soit pas vide. Il leur faut trouver quelque chose, peu importe quoi. C'est ce qui porte les gens à croire de ce serait une volonté de l'international.

Basé sur le principe que faire des élections est un acte de souveraineté nationale, l'international ne s'y oppose pas, mais est conscient du gaspillage qui en découle.

L'international de fait attend que le peuple haïtien dise son mot et réclame ses droits.

Aujourd'hui plus que hier, on a besoin que les élites politiques, les élites économiques, les élites intellectuelles, mais surtout le peuple haïtien dans toutes ses composantes, se mettre debout pour dire non au remplacement de la Constitution, pour dire non à l'amendement du processus d'amendement de la Constitution.

RB: Il nous faut reconnaître que malgré que la déclaration d'élections soit un acte de souveraineté, mais que toutes les récentes élections soient de fait financées par la communauté internationale.

Est-ce que les élections du 19 avril 2009 ne seront pas financées par la communauté internationale?

Est-ce que la communauté internationale ne sait pas qu'il y a un calendrier constitutionnel qui va provoquer la caducité d'un autre tiers du Sénat, de la totalité de la 48e législature, et de la totalité des autorités locales?

Pourquoi la communauté internationale, qui finance toutes les élections, ne demande pas la consolidation des élections, au nom de l'efficacité?

Comment accepte-elle à faire un tel compromis?

RHB: Il y a plus d'un an et demi que nous sommes entrain de demander que l'on fasse les élections renouvelant un tiers du Sénat. On est allé à Washington, à Ottawa et au Mexique pour obtenir que l'on fasse ces élections.

Avec ce grand retard, on était en train de se faire piéger. Le peuple reste et demeure l'acteur principal qui doit trancher, qui doit mettre un point final à ce jeu de dupe. Le peuple doit dire qu'avec la menace de la famine, le gouvernement ne peut pas se permettre de gaspiller l'argent du peuple pour faire des manÅ"uvres politiques.

RB: Que voyez-vous en se qui s'agit dans l'enjeu du remplacement ou de l'amendement de la Constitution ?N'y a-t-il pas une étude faite par Claude Moise et Cary Hector?

RHB: Ce travail a conclu qu'il ne faut pas remplacer la Constitution, mais l'amender.

Il faut d'abord mettre la totalité de la Constitution en application.

Il y a une étude de la Constitution faite par le parti Fusion qui reprend l'idée qu'il ne faut pas amender les articles qui ont trait au processus d'amendement.

On peut choisir de réduire le mandat présidentiel a 4 ans, d'augmenter le mandat sénatorial à 8 ans, afin d'avoir des élections que chaque 4 ans. Ceci peut adresser la critique de la fréquence des élections chaque 2 ans.

RB: Il y a-t-il une alternative à la proposition de la Fusion?

RHB: Je suppose la commission qui vient s'en chargera.

C'est une étude de 2 ans qui a amené à cette proposition de la Fusion.

RB: Prenant en considération les problèmes économiques et financiers actuels du monde, Il y aura sans aucun doute une reconfiguration multipolaire du monde qui en découlera.

Le Brésil va émerger comme le pole de l'Amérique du Sud, ou de l'Amérique latine.

Cependant le Brésil est en Haïti gérant le seul projet international assigné au Brésil. C'est le seul projet dont la gestion devra justifier le siège qu'il convoite au Conseil de Sécurité des Nations Unies.

Est-ce que le Brésil a intérêt à rester indifférent aux manÅ"uvres politiques qui se trame en Haïti?

Est-ce qu'un éclatement n'affectera pas la qualité de gestion du projet de stabilisation d'Haïti par le Brésil?

RHB: C'est précisément le problème. Certains présidents élus démocratiquement, mais qui veulent par le biais de l'amendement constitutionnel retenir le pouvoir indéfiniment, sont en train de manÅ"uvrer difficilement pour y arriver.

Mais ces pays sont différents d'Haïti. Ils ont des institutions qui marchent bien et qui sont fonctionnelles.

Ils ont une gouvernance qui tant bien que mal cherche à solutionner les problèmes de la population.

Mais en Haïti ça n'existe pas. Il y a depuis 3 ans une absence totale de la gestion de la chose publique.

Il n'y a aucun encadrement pour gérer la production nationale.

Le Brésil doit avoir du file à retordre en constatant la famine qui menace la population, mais sans aucun effort réel de la part du gouvernement pour subvenir aux besoins des plus démunis.

La stabilisation d'Haïti passe par la stabilité sociale, économique et politique.

L'ambassadeur de l'OEA est un Brésilien, professeur d'université.

Il y a un professeur d'un think tank chilien qui est venu en Haïti, qui a fait une analyse de la situation et qui a conclu: « Est-ce que nous ne serons pas obligé de prendre la gouvernance en main, si ceux qui en sont responsables sont incapables de le faire.

» S'il vous plait, il parle du gouvernement constitutionnel.

Brésil est maintenant sur la corde raide, se posant la question que faire.

Lula a dit clairement que: « Je n'accepterai pas à tirer sur un peuple affamé.

Mais j'aimerais voir une amélioration.

» Donc il va y avoir des pressions pour exiger du gouvernement un autre comportement par rapport aux problème nationaux.

RB: Je te remercie pour ta participation brillante à l'émission.

On a fait un bon tour d'horizon politique à partir de la conjoncture, les élections et la Constitution.

Nous souhaitons t'inviter pour une prochaine fois.

RHB: Merci beaucoup Bob. Bonne année à tous ceux qui écoutent la radio.

Nous sommes toujours à ta disposé.

Captez Radio Classique Inter à: radioclassiqueinter.com/rci/

Robert Benodin, January 21 2009, 2:34 PM

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